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Le nomadisme

La marche est une activité physique qui n'exige que l'emploi du cerveau reptilien. Ainsi les parties supérieures du cerveau (le cerveau limbique et le cerveau logique) sont libres de se livrer à la réflexion. La marche restreint les activités possibles aux pensées contemplatives et agencements de toutes sortes voire la discussion lors d'une promenade avec quelqu'un d'autre. Dans l'inconscient, la marche est une sorte de moteur à la réfection. Prenons par exemple un tribunal : la salle dans laquelle les gens en attente d'un jugement examinent leur conscience est appelée "salle des pas perdus". Ou un autre exemple à part : on raconte que Albert Einstein aimait souvent spéculer physique avec ses confrères lors de promenades.

Mais la marche est aussi synonyme de voyage. Les histoires et légendes les plus renommées traitent souvent d'un voyage. L'odyssée d'Ulysse, le livre de Jonas, l'exode du peuple juif... Où le déplacement est le moteur d'une aventure. Dans le livre de Paulo Cohelo "L'Alchimiste", le lecteur prend part au voyage de Santiago, à la poursuite de son rêve. Ce voyage l'initie à un autre regard sur soi, l'autre, son environnement, le monde et enfin l'univers. Cette confrontation avec d'autres cultures. Cela le pousse à se questionner, et peu à peu, à changer son regard sur les choses. De telle sorte que ce simple déplacement géographique se développe en voyage intérieur. Une quête de soi qui serait vaine sans cette confrontation avec l'inconnu.

La mobilité est le fondement de la culture des peuples nomades comme les Tziganes, Manouches, Gitans... Le guitariste Django Reinhardt affirme lors d'une interview d'une radio nippone, que la musique manouche est riche de la culture de tous ces pays que son peuple a traversé. La musique manouche serait un agencement des différentes cultures musicales européennes.

Si la richesse culturelle des peuples nomades est due à leur mobilité, il serait aisé d'affirmer vice-versa, que la culture d'un peuple sédentaire serait pauvre. Pourtant, la culture française est indéniablement très riche. Et cela est justement du aux voyages et aux déplacements. Chaque voyageur qui pose sa valise en France contribue au renouveau culturel. La culture serait le réceptacle, l'agencement de l'apport de tous ces nomades, offrant un peu de leur identité, leur singularité. Que ce soit un dessin, une photo, une vidéo, une sculpture, un texte, une mélodie, une recette de cuisine, une idée,... Les sédentaires se l'approprieront ayant de ce fait l'impression de voyager, de découvrir un territoire qui dès lors leur était inconnu. Le nomade sera fier de transmettre sa culture, de valoriser sa singularité. Cette confrontation des cultures assure leur pérennité, et par le métissage le renouveau, la créativité.